Bien que Vénus se déplace comme Mercure sur une orbite intérieure à celle de la Terre, son diamètre apparent très grand et son éloignement du Soleil la rendent plus facile à observer.
Bernard Lyot constate dès ses premières observations que la polarisation de cet astre très brillant peut être mesurée de jour avec une faible marge d’erreur. De plus, on peut l'observer de manière permanente car lors des phases décroissantes l’amincissement du croissant est compensé par l’augmentation de la brillance.
Ces conditions permettent de construire des courbes de la polarisation beaucoup plus complètes que celle des planètes étudiées jusqu’alors, mais aussi d’examiner des régions localisées. Bernard Lyot écrira qu’ « elles ne ressemblent en rien à celle de la Lune, de Mercure, et de Mars ».

De mai 1922 à juillet 1924, Bernard Lyot réalise cent onze observations de Vénus de jour comme de nuit. Il constate que la proportion de lumière polarisée varie avec l’angle de phase selon une loi assez régulière.

Cependant le plan de polarisation est très aléatoire : tantôt normal, tantôt parallèle au plan du soleil, il change quatre fois de direction.

Ces changements donnent à voir à Bernard Lyot des phénomènes étonnants dans le polariscope de Savart qu’il utilise ; ainsi les 23 et 24 juin 1924, il observe un croissant vénusien sinueux dont la déformation est provoquée par cette double polarisation -les deux bords du croissant, polarisés en sens inverse, produisent deux systèmes de franges complémentaires, qui se concrétisent visuellement par cette alternance du renforcement de l’éclat du limbe et du terminateur.

Dans une note à l’Académie des Sciences de 1926, Bernard Lyot rapproche les polarisations trouvées sur Vénus des variations de polarisation des nuages de gouttelettes d’eau produits par détente d’air humide dans un ballon.

Les études modernes ont montré que Vénus est bien entourée de nuages -situés à une altitude élevée, entre 48 et 58 km au-dessus de la surface- mais ces derniers sont composés de gouttelettes d’acide sulfurique.