Le champ magnétique modifie la polarisation des raies spectrales, et c'est donc par la mesure de polarisation qu'on accède à la mesure de champ magnétique. Dans le plasma de la surface solaire, c'est le champ magnétique qui est responsable des éjections de matière, c'est pourquoi sa connaissance est fondamentale. Le premier, Bernard Lyot a observé de la polarisation linéaire (faible) dans la raie "verte" (à l'époque dite "du coronium", car cette raie semblait provenir d'un élément inconnu sur terre) de la Couronne Solaire.Il en a mesuré le taux et la direction de polarisation, qu'il a trouvée radiale. Le premier également, Bernard Lyot a observé la polarisation linéaire des raies des protubérances (Halpha de l'hydrogène et D3 de l'hélium) et mis en évidence la rotation de la direction de polarisation par rapport à la direction du bord solaire.

La théorie de la polarisation linéaire de la raie verte de la Couronne Solaire a été ensuite développée à l'Observatoire de Paris-Meudon par Pierre Charvin (devenu par la suite Président de l'Observatoire) dans sa thèse (1965). Cette raie, identifiée par Grotrian and Edlén en 1939, est une raie interdite du fer 13 fois ionisé, et Pierre Charvin en a évalué le taux et la direction de polarisation, qu'il a trouvés en parfait accord avec les observations de Lyot, à condition de supposer la présence d'un champ magnétique dépolarisant vertical. Pierre Charvin a montré que la direction de polarisation radiale observée par Bernard Lyot est typique d'une raie interdite telle que la raie verte. Dans trois articles (deux en 1974 et un en 1977), Sylvie Sahal-Bréchot, de l'Observatoire de Paris-Meudon, a évalué la dépolarisation par collisions avec les électrons du milieu, qui concurrence la dépolarisation magnétique. Muni de ces outils d'interprétation, Jean Arnaud, au Pic-du-Midi, a consacré sa thèse (1982) à la cartographie de la direction du champ magnétique coronal (dans le cas d'une raie interdite de la Couronne la polarisation n'est malheureusement pas sensible à l'intensité du champ). Une expérience analogue (KELP) a été menée en parallèle à l'Observatoire de Sacramento Peak (U.S.A.). Actuellement, on envisage plutôt de mesurer la polarisation de raies UV, parce que permises et donc sensibles également à l'intensité du champ, qui ne sont visibles que depuis l'espace. Plusieurs projets sont actuellement déposés en ce sens auprès des agences spatiales, dont le projet d'instrument LYOT (LYman Orbiting Telescope) à bord du microsatellite Franco-Chinois SMESE.

C'est Hyder (1965) qui a attribué la rotation de la direction de polarisation linéaire des raies, observée par Bernard Lyot, à l'effet Hanle (1925) du champ magnétique. Muni des observations de Lyot, Hyder a même pu déjà décrire l'organisation à grande échelle du champ magnétique de la basse Couronne. Mais il restait une erreur de signe et c'est grâce au formalisme de la matrice densité atomique, développé dans la thèse de 3ème cycle de Véronique Bommier (1977) à l'Observatoire de Paris-Meudon qu'on a pu obtenir une théorie correcte qui a permis d'interpréter les mesures effectuées pendant 8 ans (à peu près un cycle solaire) par Jean-Louis Leroy au Pic-du-Midi, à la suite de Bernard Lyot mais en gagnant un ordre de grandeur sur la précision de la mesure de polarisation linéaire. Ces mesures ont mis en évidence un champ moyen de 6 G, horizontal, faisant un petit angle avec l'axe du filament (protubérance "vue sur le disque"), et de polarité inverse par rapport au champ magnétique de la surface solaire sous-jacente. Des mesures ont également été faites avec le spectropolarimètre STOKES II à Sacramento Peak (U.S.A). Le télescope franco-italien THEMIS, implanté sur le site européen des îles Canaries, va maintenant essayer de résoudre ce champ spatialement.

D'autre part, la coronographie est maintenant une technique appliquée aux étoiles.Un demi-siècle après sa mort, l'héritage de Lyot est plus que jamais présent dans l'astronomie, car la coronographie est un domaine particulièrement actif de la recherche instrumentale pour laquelle l'Observatoire de Paris joue un rôle de premier plan.

La technique a considérablement évolué mais les principes fondamentaux sont toujours ceux établis par Bernard Lyot : il ne s'agit plus maintenant de masquer la lumière du Soleil, mais plutôt l'éclat des étoiles proches, afin d'explorer leur environnement et d'y révéler d'éventuelles planètes.


The Very Large Telescope.
 

Cet objectif nécessite au sol les télescopes les plus puissants associés à une optique adaptative pour contrecarrer les effets de la turbulence atmosphérique.
L'Observatoire de Paris est ainsi impliqué dans le développement de l'instrument SPHERE qui sera installé, à partir de 2010, sur l'un des télescopes de 8 mètres du VLT (Very Large Telescope européen) à Paranal.
En 2013, ce même type de coronographe équipera le futur télescope spatial James Webb et permettra la détection de planètes analogues à Jupiter autour d'autres soleils.