© Bibliothèque de l’Observatoire de Paris
On connaît les remarquables expériences de Galilée sur la chute des corps et leur mouvement sur des plans inclinés, qui l’ont conduit à énoncer les lois correspondantes en 1609. On sait moins qu’il est un des premiers à avoir soupçonné que la vitesse de la lumière pourrait bien n’être pas infinie, et à avoir fait un essai pour la mesurer, qui est décrit ainsi par lui-même : “ Deux personnes prennent chacune une chandelle qu’elles placent dans une lanterne ou tout autre abri, de façon à pouvoir la masquer et la découvrir à la vue de l’autre par interposition de la main ; se tenant face à face, à quelques coudées de distance, chacun s’exerce à dévoiler et à dissimuler sa lumière à la vue de son compagnon, découvrant la sienne propre dès qu’il aperçoit celle de l’autre [...] L’habitude étant ainsi acquise sur une courte distance, nos deux compagnons s’éloigneront de deux ou trois milles avec deux lanternes semblables, et, accomplissant de nuit la même expérience, observeront attentivement si les ouvertures et les occultations ont lieu de la même manière que plus près ; auquel cas, on pourra conclure avec certitude que la propagation de la lumière est instantanée : car si elle exigeait un certain temps, à une distance de trois milles, qui en font en réalité six si l’on considère le trajet de la lumière, le délai devrait être parfaitement observable [...] A vrai dire je n’ai exécuté [cette expérience] que sur de petites distances, inférieures à un mille, et je n’ai pas pu décider, pour cette raison, si l’apparition de la lumière opposée est instantanée ; si elle ne l’est pas, elle est du moins extrêmement rapide.” Cette conclusion est tout à fait correcte. Mais même si l’expérience avait été faite sur des distances plus grandes, la lumière va tellement vite que Galilée n’aurait pas pu conclure davantage. C’est le principe de son expérience que Fizeau reprendra plus tard avec de grands perfectionnements.